Nous avons aujourd’hui la charge douloureuse de vous annoncer la mort, ce mercredi 1er novembre, en début d’après-midi, de Claude Chapiro Renard, membre de la collégiale d’Artfactories/autresparts.

Claude, en février 2018 aux Grandes Tables de la Friche la Belle de Mai, Marseille – Photo Fred Ortuño

La camarade, 
L’amie, 
La militante,
L’habitante,
L’infatigable œuvrière d’un droit à la maitrise d’usage pour toutes et tous.

Membre fondatrice des Brouettes, collectif anarchiquement cohérent,
Membre du collège des habitant.e.s de la SCIC de la Friche Belle de Mai,
Jardinière culturelle, infatigable arpenteuse du quartier de la Belle de Mai à Marseille,
Elle, la tisseuse de liens qui fut entre autres choses

Présidente et fondatrice de l’ASCA à Beauvais, le centre culturel multidisciplinaire des découvertes artistiques pour tous, au coeur d’un quartier populaire,
Artisane des Politiques de la Ville au sein de la DATAR puis de la DIV,
Chargée de la mission « Nouveaux Territores de l’Art »  à l’Institut des villes, figure tutélaire du mouvement des friches culturelles et des espaces intermédiaires, elle a incarnée pour chacun.e d’entre nous la promesse d’une politique publique compréhensive de nos lieux, de nos pratiques, de nos manières de faire ensemble art, culture et politique…

Tout au long de sa carrière, la vie et la conscience professionnelle furent toujours étroitement soumises à l’engagement politique qui était le sien, et qu’un mot de René Char qu’elle aimait citer au point qu’elle le reprenait à son compte résume : 

 « Mon héritage n’est précédé d’aucun testament »

Dans cette parole, intimement noués ensemble, le poétique et le politique affirment ce qui les tient tous deux : ce que la liberté a d’intransmissible, et ce en quoi pourtant, elle constitue la seule chose réellement importante à transmettre, pour qui il importe d’aller de l’avant,

« Parce que la source de la liberté demeure présente, même quand la vie politique s’est pétrifiée » (Hannah Arendt, dans « Qu’est-ce que la liberté ? »)

Liberté qui nous charge d’une parole à tenir,
A l’égard de nos morts, 
Du travail sans fin de déjouer les rets dans lesquels l’Histoire nous enserre, pour ouvrir l’avenir 

Enfant orpheline de la Résistance, elle aura interrogé son passé sans relâche, où se mêlent petite et grande Histoire – l’histoire de la Shoah, de la résistance, du communisme et des grandes utopies du XXè S ; elle n’aura cessé d’oeuvrer à se rendre meilleure, et la maladie aura été sa dernière alliée dans la lutte. Se jouant ainsi de la mort, Claude n’a cessé de vivre, poing levé.

Elle nous lègue aujourd’hui cet impossible héritage, celui qu’aucun mot ne traduit, cette promesse faite à nos morts, ce devoir d‘honorer chacun de leurs espoirs trahis, dont seulement se nourrit la possibilité d’un monde meilleur.

Nous, ses ami.e.s, ses compagnes et compagnons, ses camarades, ses proches, nous irons de l’avant, nous souvenant que « notre héritage n’est précédé d’aucun testament ».

Et pour cela Claude, nous te disons merci.

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