Assemblée des communs les 12, 13 et 14 novembre • Rencontre nationale à Marseille

Travailleurs et travailleuses et sans emploi, cultivateurs et cultivatrices et mangeurs et mangeuses, soignants et soignantes et patients et patientes, habitants et habitantes et sans terre et sans abri, parents et parentes, artistes, chercheurs et chercheuses… commoneurs et commoneuses, nous portons l’idée du commun, des communs, des biens communs dont nous voulons faire une force de transformation radicale de la société pour plus de justice sociale et écologique.

L’Assemblée des communs est une rencontre nationale pour mettre les communs à l’agenda, partager les expériences et les relier, débattre, se doter d’outils et de stratégies pour la reconnaissance des communs.

L’assemblée des communs a pour ambition d’être un espace où les communs pourront créer les conditions de leur autonomie afin de pouvoir contribuer collectivement à une transition sociale et écologique à travers le dialogue et les alliances avec les forces sociales qui partagent cette ambition.

L’Assemblée des communs s’institue comme un espace de co-construction des outils et des mécanismes économiques, sociaux, juridiques et politiques qui conditionnent l’émergence et la consolidation des communs et comme le creuset du récit qu’ils emportent avec eux pour contribuer à faire advenir une société juste.

L’Assemblée des communs se prépare collectivement. La rencontre à Marseille ouvrira un ensemble de chantiers sous différentes formes et en cours de construction qui incarnent les 6 axes proposés comme boussole à cette initiative.

  • Quelle évaluation des communs, par qui et comment ?
  • La propriété et les autres mécanismes pour libérer les communs fonciers
  • De quelle recherche les communs ont-ils besoin ?
  • Prendre soin et retrouver le sens des pratiques de l’en-commun
  • Financer les communs sans les subordonner
  • Permettre la reconnaissance de la contribution des communs
  • De l’expérimentation à la norme, quelles conditions pour préserver et pérenniser les communs ?
  • Quelles contributions le projet des communs emporte-t-il dans le contexte de l’anthropocène ?

Les 6 axes :

  • DU SERVICE PUBLIC AUX COMMUNS comment articuler intérêt général et communs ?
  • LIEUX, ESPACES ET INTERSTICES les infrastructures de la solidarité réelle dans nos territoires
  • TRAVAIL du choix du chômage au choix de l’emploi contributif
  • PRODUIRE comment produire en commun dans un rapport apaisé au vivant ?
  • CULTURE JURIDIQUE sécuriser et auto- gouverner par le droit des communs
  • PRENDRE SOIN rendre visibles et faire reconnaître les gestes du faire en commun

Pour une présentation plus complète de chacun de ces axes, voici ici : les 6 axes de travail de l’assemblée des communs #1

Intention

Les communs, il est convenu de le dire, s’instituent entre le public et le privé. Ni l’un, ni l’autre, ils s’allient avec les deux, afin de tenir leur autonomie. Espace-tiers dans la topologie de nos institutions, on peut suspecter que le commun ne se situe pas exactement sur le plan où se fait le partage entre le public et le privé, mais plutôt le sous-tend de tout un tas de continuités qui le rendent possible, qui le permettent comme articulation. Le maillage fin du commun tisse à l’arrière-plan l’espace qui permet qu’on s’entretienne. C’est pourquoi la désaffection du/des commun(s) dans nos sociétés peut expliquer la double crise de l’espace public et de l’espace privé, s’effondrant sur eux-mêmes en s’entre-dévorant, dans le défaut de la trame et du pli qui les font tenir à la fois ensemble et séparés. Dans l’espace juridico-politique, le commun est alors l’équivalent du paysage en géographie : l’endroit de l’horizon, ouvrant des espaces sans jamais s’y réduire, parce qu’en tant qu’autre du corps qui regarde, il est lui-même perspective et ligne de fuite. C’est une autre façon de dire la passion de l’horizontalité qui animent les acteurs des commun(s). Ce n’est pas un hasard si Rodota retenait le paysage comme exemplaire des beni comuni.

Donner le commun comme horizon, voilà l’intention derrière l’Assemblée des communs.

Accrochage sur le mur des communs, lors du 3ème Forum National des Lieux Intermédiaires à Rennes en juin 2019 aux Ateliers du Vent

Il y a trop longtemps que le mouvement des communs, dans sa variété, préfère au risque de l’institutionnalisation celui de la désorganisation. La croyance dans les formes liquides d’organisation ne tient plus, au moment où les technologies qui étaient supposées les rendre possible se sont (largement) retournées contre leur idéal démocratique. D’autre part, le coût de cette stratégie est devenu, à l’heure où les communs s’agitent comme un chiffon rouge dans tant de mains, bien plus lourd que ses avantages.

Nous croyons que les communs sont à ce moment où ils doivent se montrer en mesure de faire valoir leur récit et les instruments juridico-politiques qui l’incarnent auprès des institutions politiques (mouvements sociaux, partis, puissance publique). C’est seulement ainsi que les communs seront à la hauteur de leur désir de contribuer à la transformation sociale et à la transition écologique, par l’expérimentation de nouvelles manières de faire société.

II Éléments de contexte

Depuis les élections municipales de 2020, les concepts de commun, communs, bien communs, ont été fortement mobilisés dans le discours public et électoral, quoique de manière floue. L’en-commun y apparaît comme une voie alternative entre l’Etat et le Marché, un moyen de renouveler l’action publique par l’initiative citoyenne. Cet intérêt nouveau des collectivités et de l’administration publique actualise pour les acteurs que nous sommes la nécessité de faire entendre notre propre voix.

A l’échelle locale, les assemblées des communs s’inscrivent dans la perspective dessinée par le réseau francophone des communs initié par VECAM en 2012 pour relier les réalités urbaines émergentes aux communs alliant connaissance et numérique.

L’assemblée des communs de Lille se constitue lors des Roumics, un événement autour des communs organisé dans le cadre du festival « Temps des communs » en octobre 2015.

La même année l’association La Plateforme organise à Marseille une quinzaine « Marseille en Communs » qui regroupe plusieurs acteurs et actrices venu.e.s de Marseille et d’ailleurs.

L’assemblée des communs de Grenoble (ACG) est créée en mars 2017 lors de la Biennale des Villes en Transition, par la convergence entre plusieurs initiatives dont la commission des communs de Nuit Debout Grenoble, la ville de Grenoble, Alpes Solidaires, Alternatiba, le Cairn, Terre de Liens, Planning, l’Atelier Populaire d’Urbanisme…

A l’échelle translocale, le collectif Remix the commons organise depuis 2012 (Ker Thiossane, festival Afropixel) des rencontres autour des communs dans la francophonie et en Europe, bientôt baptisées « Commons camp » (Grenoble 2018 et Marseille 2020).

Dans le même temps, conscient que, des Nuits debout aux gilets jaunes, du squat à la ZAD comme au tiers-lieu, il se passe des choses du côté des pratiques spatiales, le centre de ressources Artfactories/autresparts, co-fondateur et cheville ouvrière de la CNLII, impulse une réflexion sur les liens entre communs et pratiques d’occupation d’espaces. Elle aboutit à la tenue en 2018, du 3è forum des lieux intermédiaires et indépendants, aux Ateliers du vent, à Rennes sous l’intitulé « faire commun(S), comment faire ? ». Les lieux intermédiaires s’y déterminent comme communs culturels, spatiaux et transformationnels.

Commons Camp, Marseille, Janvier 2020

Mais c’est à la faveur du commons camp de Marseille que naît l’idée d’une assemblée des communs, à l’échelle nationale. Les 17, 18 et 19 janvier 2020, à l’initiative de Remix the commons et Artfactories/autresparts se rassemblent plus de 350 personnes venues tant de Marseille que du reste du monde (Italie, Espagne, Québec, Angleterre, Croatie…). Les italiens y témoignent de la création toute récente d’une assemblée des communs italienne. En effet, en Italie, le mouvement des beni comuni, après avoir ouvert la voie juridique pour les communs, a vu naître en 2018, une assemblée nationale des communs qui a permis aux différentes expériences menées dans tous le pays de se fédérer et de devenir le creuset d’innovations politiques pour défendre les droits humains et une nouvelle rationalité démocratique.

A l’issue du commons camp se constitue à Marseille un laboratoire d’entraide juridique rassemblant des acteurs, chercheurs et juristes italiens, espagnols et français, dans la perspective de développer les outils et les stratégies juridico-politiques des communs à travers une approche translocale.

Entre le Laboratoire d’entraide juridique, Remix the commons, et Artfactories/Autresparts, l’idée d’une assemblée des communs à l’échelle nationale a fait son chemin. Nous en prenons aujourd’hui l’initiative.

Informations et contributions :

Courriel : bienvenue(at)assembleesdescommuns.cc
Site web : https://assembleesdescommuns.cc

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