Dénouer les contradictions, clarifier la situation, faire entendre la voix et le récit commun que portent les lieux intermédiaires marseillais dans leur rapport à la ville et à la culture, établir leur propre agenda… du 17 au 19 janvier, le Commons Camp organisé à Marseille s’attachera notamment à sortir ces lieux de leur isolement et permettre l’entretien de l’écosystème qu’ils constituent.

Lors du 3ème forum national des lieux intermédiaires et indépendants (cf. cnlii.org), les 19 et 20 juin aux Ateliers du Vent à Rennes, la Cnlii a invité les lieux intermédiaires et indépendants à se rassembler, à s’organiser, aux échelles territoriales pertinentes pour pouvoir peser dans la construction des politiques publiques.  L’enjeu est bien de se doter d’une parole et d’une capacité d’action en phase avec les situations, les  territorialités et les manières d’agir propres à chacun des territoires.

De telles coordinations régionales existent déjà, comme Actes if (Ile de France), la CRLII-Occitanie, le DOG (grand ouest), Hybrides (Bretagne), le LIEN (Normandie). D’autres sont en cours de structuration (dans la Loire, en Bourgogne…). D’autre part, la Ville de Marseille a engagé un travail d’identification des lieux intermédiaires et de leurs pratiques, qui, bien qu’ayant sa propre logique, recoupe une bonne part de ce que la Cnlii entend par lieux intermédiaires.

En mai dernier ont eu lieu deux rencontres qui ont fait état tant du nombre et de la richesse des lieux intermédiaires sur Marseille que de leurs difficultés.

La première s’est tenue à la Déviation, à l’initiative d’Artfactories/autresparts. Il y fut question d’urbanisme transitoire. La deuxième, à l’initiative de la Ville de Marseille, s’est tenue au Théâtre de l’Œuvre. Son enjeu était de faire le point tant sur la situation de ces lieux à Marseille que sur les enjeux de politiques publiques qu’ils portent et les perspectives de co-construction entre ces lieux et la Ville.

Lors de ces deux réunions, il nous a semblé que Marseille était à la fois un terreau fertile pour ces pratiques, et un lieu où toutes leurs contradictions se jouaient en pleine lumière. Une première contradiction, celle de leur isolement, malgré leur nombre. Une deuxième, celle du différentiel entre les enjeux de démocratie culturelle et la violence des rapports économiques qui les traversent. Une troisième, les communs qu’ils tentent de défendre depuis leur pratiques d’espace et le rôle d’alibi que la puissance publique leur demande de jouer dans le transfert de l’intérêt général vers le privé en matière d’aménagement urbain et de politiques culturelles.

Dénouer ces contradictions, clarifier la situation, faire entendre la voix et le récit commun que portent ces  lieux dans leur rapport à la ville et à la culture, établir leur propre agenda : voilà les enjeux du travail auquel Artfactories/autresparts propose aux équipes de ces lieux de prendre part, dans la perspective de sortir ces lieux de leur isolement et de permettre l’entretien de l’écosystème qu’ils constituent.

Le programme de travail de cette assemblée, comme sa forme même, est à inventer ensemble. Dans les premières discussions que nous avons eu avec les acteurs marseillais, deux axes sont apparus : celui des stratégies normatives et celui de la mise en récit des expériences. Comment nos expériences peuvent-elle se transmettre, s’inscrire dans les usages ? Comment faire histoire de nos lieux ?

Du côté des stratégies juridiques ou normatives, se posent la question des droits culturels, mais aussi celle du droit à la ville, ou encore du droit à la maîtrise d’usage. Comment habiter la ville ?

C’est parce que cet enjeu excède celui du secteur culturel, et implique de penser toutes les diagonales qui rattachent nos pratiques artistiques aux enjeux urbains, sociaux, environnementaux qui les traversent, que nous avons souhaité inscrire cette première assemblée des lieux intermédiaires dans le cadre du Commons camp porté par Remix the commons. Le Commons camp est une université foraine et translocale des communs. Plusieurs commons camp se tiendront cette année, dont un à Naples et un autre à Barcelone, où les acteurs des communs sont conviés à contribuer au forum social mondial des énergies transformatrices (cf ripess.org)

Chacun est évidement convié à participer à l’ensemble de ces trois journées, comme à leur conception. Des informations complètes seront bientôt publiées sur le site commonscamp.cc/Marseille2020

L’assemblée des lieux intermédiaires est soutenue par la Ville de Marseille et se construit en partenariat avec France Active, dans la perspective d’accompagner les dynamiques de structuration des lieux intermédiaires sur le territoire marseillais.  Une première réunion de co-organisation de l’assemblée a eu lieu à la Déviation le 22/11/2019 à la Déviation. Ont contribué à cette réunion :  Les pas Perdus,  les Pillards, Cabanon Vertical, 3bisF, La Déviation, Le Zef, l’Art de Vivre / Synavi, Yes We Camp, Art cade, Théâtre de l’Oeuvre, Femprocomuns, Remix the Commons, Artfactories/autresparts.

Un autre monde est possible et il est déjà-là. C’est à cette attention aux petites choses qui font le monde autrement que nous vous invitons à travailler ensemble.

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